Récemment, dans la commune de Caudry (Nord/Hauts de France) des parents se sont âprement opposés à la participation de leur enfant au cours d’allemand en CM2 (lire la presse locale ci-dessous, en fin de cette page).

Bien sûr ce n’est qu’un fait marginal, diront beaucoup d’entre nous.

Et pourtant, c’est probablement la partie émergée d’un énorme iceberg anti-langue allemande qui va de l’indifférence générale à la franche hostilité.

Voici quelques années une étude sur l’état de l’allemand dans l’enseignement français montrait à quel point la faiblesse de la demande sociale de l’allemand était la principale raison de celle du nombre des jeunes germanistes (téléchargez ci-dessous les deux études respectivement sur la situation de l’allemand dans l’enseignement secondaire et sur la position des parents face à l’allemand).

Faute de demande, point de candidats à l’apprentissage,… une réalité qui a contribué à établir cercle vicieux dangereux : faute de germanistes, le nombre des candidats à la formations d’enseignants d’allemand a tellement baissé que certains observateurs craignent même que l’Education nationale ne pourra probablement plus disposer du nombre suffisant d’enseignants pour faire face à une éventuelle augmentation d’une demande d’allemand.

Certes les dispositif des classes bi-langues a pu permettre de freiner la raréfaction des germanistes et même “inverser” la courbe…. précisément parce qu’il a tenu compte de ce frein à choisir l’allemand en 6e face à l’anglais qui est un must absolu. Résultat : comme ce sont les élèves qui choisissent la seconde langue en 4e, l’espagnol, à tort réputé comme moins dévoreur de temps de travail scolaire, s’est imposé quasiment comme la seule seconde langue vivante, ce qui a grandement accéléré la chute de l’allemand quasiment disparu du choix du rayon de la seconde langue vivante.

La possibilité de choisir une seconde langue vivante dès la 5e n’est probablement pas un dispositif qui sauvera l’allemand de sa marginalisation : placé en situation de seconde langue vivante, il affronte la concurrence de l’espagnol… A terme, l’allemand sera donc le grand perdant, à moinss que l’on parvienne à faire augmenter la demande d’allemand, non pas comme “langue de culture générale” (une sorte de latin moderne”), mais comme outil indispensable dans la vie professionnelle, en complément de l’anglais. Les Allemands ne disent-ils pas “Englisch ist ein Muss, Deutsch ein Plus” (l’anglais est un must, l’allemand un plus… en allemand ça rime).

Ce qui sauvera l’allemand est la prise de conscience par un grand nombre plus important de Français de la nécessité de multiplier le nombre de germanistes et de jeunes professionnels qui maîtriseront cette langue indispensable à la vie tant économique, que sociale et politique de l’Europe.

Lire les études :

Faire remonter la demande d’allemand

Faire remonter la demande d’allemand, c’est-à-dire la prise de conscience de l’intérêt d’apprendre cette première langue économique de l’Europe, cela se fera sur deux fronts :

– en combattant les clichés et la mauvaise image, voire l’absence de l’image de l’Allemagne, pays ignoré dans le spectre culturel, politique, touristique et historique des Français, comme une sorte de face cachée de la planète Europe,

– en montrant à quel point l’allemand est utile pour la réussite scolaire d’abord, puis – avant tout – pour les chances de réussite professionnelle à tous les niveaux, dans tous les métiers, toutes les entreprises et sur tous les marchés.

Il existe à l’usage des associations franco-allemande qui veulent se lancer dans cette lutte de nombreux outils que la FAFA met à leur disposition :

– un programme de conférences éclairent le grand public sur les réalités allemandes et européennes (voir à ce propos sur ce site la rubrique “services” / sous-rubrique “Conférences”)

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Hans Herth / Conférence sur les clichés sur l’Allemagne

– un Argumentaire pour l’allemand qu’utilisent également de nombreux enseignants pour faire la promotion de l’allemand dans les écoles. (voir à ce propos sur ce site la rubrique “Formations” / sous-rubrique “Promotion de l’allemand”)

Si vous comptez utiliser cet argumentaires, vous pouvez aussi le demander directement par mail à son auteur Hans Herth

L'argumentaire pour l'allemand

L’argumentaire pour l’allemand

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La polémique à Caudry

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Le texte d’un article paru dans la “Voix du Nord” :

Caudry 59540. Ni les frères Grimm, ni Bach. Ni le schnaps, ni le pain d’épice. Ni Barbara, ni Claudia Schiffer. Surtout, ne parlez pas d’Allemagne à Mélissa et à son mari : ce couple de Caudrésiens en a une sainte horreur. Leur germanophobie est telle que l’apprentissage de la langue de Goethe, qu’a prévu un enseignant de l’école Janssoone où est scolarisée leur fille de 9 ans, est au cœur d’un psychodrame. 

Puisque l’établissement scolaire est rattaché à un collège bilingue (Jacques-Prévert), l’équipe enseignante y a choisi d’approcher, une heure par semaine et avec les élèves de CM2, les rudiments de l’allemand. Or, parce qu’il y a fort fort longtemps, les aïeux de la famille, originaire de Pologne, ont souffert terriblement des assauts des casques à pointe, Mélissa et son mari refusent que leur progéniture goûte les subtilités de l’umlaut et du datif. 

La petite fille de 9 ans n’a donc pas assisté au cours prévu chaque vendredi matin, loupant plusieurs matinées d’école. Sauf ce 18 novembre, l’heure d’apprentissage étant décalée. Fallait-il que la leçon ou la peur de déplaire aux parents soit insupportable : de retour d’école, l’enfant aurait présenté un profond mal-être, et depuis serait souffrante (un certificat médical de sept jours a été délivré par un médecin). 

« Notre opinion n’est pas respectée »

Remontés comme des coucous de la Forêt-Noire, les parents dénoncent désormais un «  harcèlement scolaire  ».

Ils ont apposé sur les fenêtres de leur domicile, des affiches : «  Les profs harcèlent nos enfants  », même si rien ne démontre que les enseignants sont plus rudes que la langue.

«  Même si j’ai des poursuites, je fais cela pour ma fille  », insiste Mélissa. Un courrier aurait même été envoyé au procureur de la République, en plus de celui parvenu à l’inspection académique. «  On est contre l’allemand enseigné au CM2. Beaucoup de parents sont comme nous, mais nous allons jusqu’au bout de notre démarche. Notre opinion n’est pas respectée !  »

L’inspecteur de la circonscription Cambrai-Sud, Joël Delrot, explique plutôt l’impossibilité de créer «  une école à la carte  ».

«  Le souci de l’école est de faire des apprentissages ensemble : l’équipe n’a pas voulu mettre l’enfant dans une situation particulière. Lorsqu’elle s’est présentée un matin à l’école, le professeur donnait son cours…  » Un nouveau dialogue devait être engagé entre la famille et l’inspection, «  pour essayer de trouver des solutions  ».

Un adepte des relations franco-polonaises, invité à donner son avis sur les rapports entre la Pologne et l’Allemagne aujourd’hui, indique d’ailleurs que dans certaines régions de Pologne, «  l’apprentissage de l’allemand revient  » pour des raisons économiques. L’état voisin ayant investi «  pour moderniser le pays  ».

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