La couronne de l’Avent

Depuis peu les couronnes de l’Avent envahissent les étals de fleuristes et de décorations de Noël. Venue d’outre-Rhin, la couronne de sapin avec ses quatre bougies reste encore un mystère pour beaucoup d’entre nous : c’est joli,… mais was ist das ?

Chez les romains, l’adventus, ou le grec epiphaneia (apparition), désignait autant la présence divine que la venue d’un personnage de haut rang. Les chrétiens reprirent le terme pour désigner l’apparition du Christ. A l’origine, l’attente de cette apparition était marquée par un jeûne (1) de six semaines, du 11 novembre, fête de la St-Martin (2), au 6 janvier, date initiale de Noël.

De calendrier papal en calendrier papal, l’Avent s’est réduit aux quatre semaines avant le Noël actuel. Elles marquent le début de l’année ecclésiastique et symbolisent également les quatre millénaires bibliques de l’attente du Messie. Chaque dimanche a une fonction commémorative différente (3).

Au XVIe, la couronne des vainqueurs, symbolise le retour du Christ et participe à cette période de préparation. Auparavant, dans les campagnes du Moyen-Âge la roue garnie de bougies était le signe solaire du retour de la lumière. Mais, Ô surprise !, la couronne actuelle (en branches de sapin) remonte à une invention du pasteur Heinrich Wichern en 1839 dans un orphelinat protestant de Hambourg (avec 24 bougies, une pour chaque jour des quatre semaines avant Noël).

Le pasteur Johann Hinrich Wichern, inventeur de la couronne de l'Avent

Le pasteur Johann Hinrich Wichern, inventeur de la couronne de l’Avent

L’Adventskranz s’est alors répandu comme une traînée de poudre et a fait son entrée dans les églises catholiques allemandes au cours des années vingt.

Le fin du fin est d’aller en forêt, d’en rapporter des rameaux de sapin, de les tresser en couronne, d’enrubanner celle-ci de rouge et d’y planter quatre bougies, enfin de la suspendre au-dessus de la table.

Le fin du fin : bricoler sa couronne soi-même

Le fin du fin : bricoler sa couronne soi-même

Dimanche après dimanche on allume une bougie de plus – ce n’est qu’au quatrième Avent que toutes les quatre bougies sont allumées – et on chante des Weihnachtslieder, les chants de Noël traditionnels. En buvant du vin chaud à la cannelle, on croque le Weihnachtsgebäck, biscuits aux épices, aux amandes, au chocolat,… (treize recettes différentes !) préparés avec l’aide gourmande des enfants et enfournées sur de grands plateaux de tôle. Pour les croyants, la lumière des bougies est celle que le Christ apporta au monde. Pour tous les autres, ce rituel est un moment de partage familial très chaleureux, voire émouvant.

La seule lueur des bougies... un must !(Photo Wikimedia Commons - Bubamara)

La seule lueur des bougies… un must !(Photo Wikimedia Commons – Bubamara)

Il faut bien sûr éteindre les autres lumières et, très facilement, l’émotion cérémonielle si chère aux Allemands fait naître un soupçon de larme qui brille dans la lumière des bougies. Plus sentimental que ça, tu meurs.

A l’origine la couronne était pendue au plafond avec le longs rubans rouge, jusqu’à hauteur de tête, mais de plus en plus souvent on la trouve posée sur la table.

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  • (1) L’église catholique a supprimé le jeûne de l’Avent en 1917.
  • (2) Le souvenir de Saint-Martin reste une grande fête traditionnelle allemande, avec défilé aux flambeaux et repas familial autour d’une oie braisée garnie de Knödel et choux rouge.
  • (3) Successivement, le pardon accordé à Adam et Ève, la foi d’Abraham au don de la terre promise, l’alliance de David avec Dieu, l’enseignement des prophètes qui annoncent un règne de justice et de paix… ou encore : l’entrée de Jésus à Jérusalem, l’espoir de son retour, Saint-Jean Baptiste comme prédécesseur du Christ, les louanges de Marie.[divider][/divider]

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