Prisonniers de guerre allemands en France

Une page de l’histoire franco-allemande méconnue

Pour des millions de prisonniers de guerre allemands, la fin de la Seconde Guerre mondiale n’est que le début d’une longue aventure de captivité en temps de paix. Livrés au bon-vouloir de leurs geôliers français, près d’un million d’entre eux vont subir la faim, les épidémies, les mauvais traitements, la rancune des populations.

Affectés à la reconstruction du pays que leur armée avait détruit, il ne faudra pourtant que quelques années avant que la haine héréditaire ne cède la place aux prémices d’une amitié durable.

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Le Documentaire « Quand les Allemands reconstruisaient la France »

Pour la première fois, d’anciens prisonniers racontent cette page longtemps oubliée de l’après-guerre.

Ce film de Philippe Tourancheau et Fabien Théofilakis, réalisé par Philippe Tourangeau (une production Cinétévé) revient sur l’histoire, longtemps restée taboue, de près d’un million de prisonniers de guerre allemands détenus en France entre 1945 et 1948.

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Prisonniers travaillant dans les champs en 1946 (Photo ®Ina)

Construit avec des archives et des témoignages d’anciens captifs, il touchera tout particulièrement un public concerné par l’amitié franco-allemande et l’histoire croisée de nos deux pays.

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Un des témoins : Werner Brandt capturé en mai 1945 (Photo ®Cinétévé)

Télécharger le Dossier de Presse France 2 du documentaire

Aller sur le site de Cinétévé  [divider][/divider]

Le témoignage de Werner Schneider

Werner Schneider a largement participé au documentaire de l’historien Fabien Théofilakis, Quand les Allemands reconstruisaient la France.

Werner Schneider, sous-officier de la Luftwaffe

Werner Schneider, sous-officier de la Luftwaffe

« Sale temps pour les Allemands ».

Une page individuelle de cette tragédie mal connue des deux côtés du Rhin.

Préface de Beate Klarsfeld : Ils font partie des oubliés de l’Histoire. Un témoignage de première main pour que les jeunes générations et les moins jeunes puissent « se forger une opinion de ce qui s’est passé. Car l’Histoire n’est pas seulement celle des vainqueurs. » 

Werner Schneider, sous-officier de la Luftwaffe, et l’un des 750 000 prisonniers de guerre allemands en France de 1944 à 1947, raconte son itinéraire de prisonnier de guerre allemand (PGA) en France. Un témoignage exceptionnel et rare.

Aujourd’hui, Werner Schneider a 95 ans et demeure un des derniers PGA survivants.

Le livre est de la main de Christine Schneider, la fille de Werner Schneider, qui avait choisi de rester en France et d’y fonder un foyer.

L’auteure : 

Franco-allemande, née 15 ans après la guerre, Christine Schneider a souvent entendu les récits de son père concernant son vécu de prisonnier de guerre allemand en France. Mais elle ne pouvait le resituer véritablement dans aucun contexte historique correspondant à ce qu’elle avait appris jusque-là. Le silence des mémoires nationales la laissait incrédule face à certaines conditions évoquées par Werner.

Des heures de récits détaillés, des enquêtes sur les lieux du passé (Normandie, Bretzenheim), des lectures documentaires et des rencontres lui permettront d’écrire ce livre dans lequel elle peut enfin reconstituer l’histoire assez incroyable de son père, en vérifier la véracité et avoir envie de la faire connaître

Sale temps pour les Allemands / 224 pages – 18.50 € – Cahier photos 978-2-84886-733-5

Avec un avant-propos de Werner Schneider.

Témoignage complété par des notes pour permettre au lecteur d’ancrer  la petite histoire dans la Grande.

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Des réactions spontanées sur la page Facebook de la FAFA pour l’Europe à l’annonce de la parution du livre :

Séverine Möller Merci pour cette publication ; je vais me procurer cette ouvrage car, forcément, lorsque nous sommes lié(e)s à l’Allemagne et la France comme je peux l’être, nous sommes évidement « curieux, curieuses » de lire ce qui fait l’histoire, nos histoires. Je suis française, d’origine Allemande par mon père et suis très attachée à mes racines allemandes, en suis fière !!

Bernard Schaff Mon père Allemand m’a relaté ce qu’il a vécu depuis les jeunesses hitlérienne, en passant par les portes de Stalingrad jusqu’à l’Atlantique (Dinan). Il a été détenu en Grande Bretagne où, par ailleurs, j’ai failli naître à sept jours d’intervalle et à quelques jours de la naissance du prince Charles. J’aurais eu de ce fait le choix entre trois nationalités. Mon père, comme beaucoup d’autres, n’a pas relaté par écrit cette terrible période de son existence. J’en ai informé mes propres enfants et bientôt mes petits enfants bientôt en âge de comprendre, sans les traumatiser. Car il s’agit bien d’un traumatisme que personnellement j’ai vivement ressenti à plus d’un titre. Gare aux faiseurs de guerre ! Ça laisse toujours des traces indélébiles dans les mémoires collectives. Et la guerre ne fait pas que des morts !

Matuszewski Séverine J’ai toujours eu un petit pied dans cette relation franco allemande, entre autre parce que les parents de nos voisins de jardin avaient aidé à cacher un soldat allemand déserteur durant la seconde guerre mondiale… et je revois encore l’image de ce monsieur très gentil les cheveux tout blancs, toujours à travailler la terre quand nous allions au jardin. Pour moi il était un héros.

Helga Bernard Trotz schrecklicher Geschehnisse durch die Nazis gibt es aber noch gute viele gute deutsche Menschen. Ich werde mir das Buch kaufen.[divider][/divider]

Le séminaire des barbelés

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En avril 1945, alors que les défaites allemandes conduisent un million de soldats de la Wehrmacht dans les camps de prisonniers, des autorités militaires et religieuses françaises entreprennent de rassembler tous les séminaristes allemands détenus en France, pour les regrouper dans un camp unique qu’on a appelé le Séminaire des Barbelés.

Si les autorités françaises voient dans les prisonniers de guerre la main d’œuvre qui va reconstruire la France, elles prennent aussi conscience qu’il y a « un peuple à rééduquer » pour qu’enfin l’Allemagne trouve la paix. La formation des séminaristes prend alors son importance dans la reconstruction de l’Allemagne future et de son église.

C’est en 1943 en Algérie qu’est née l’idée de « séminaire des barbelés ». Après la défaite du corps expéditionnaire allemand en Afrique du Nord, un monastère près d’Alger a ouvert ses portes aux séminaristes. Cette ouverture a été rendue possible grâce au général Boisseau qui avait compris l’importance de redonner de la spiritualité après la guerre. Il pensait que c’était un puissant facteur de réconciliation. L’objectif était donc de former les prêtres de l’Allemagne future car « ces soldats d’hier, prêtres de demain rapporteront dans leur patrie un vrai potentiel de paix. »

Après la libération de Paris, le général Boisseau de retour en France partage cette expérience avec l’abbé Rodhain, délégué général au culte des prisonniers de guerre. Le séminaire des prisonniers d’Orléans naîtra en avril 1945. Soixante étudiants y reçoivent l’enseignement du père Franz Stock, prisonnier de guerre allemand.

Afin d’améliorer les conditions d’étude des séminaristes, un transfert d’Orléans à Chartres est annoncé en juin 1945. Au cours de l’été 1945, 135 séminaristes sont transférés. En octobre, on en compte déjà 300. Les prisonniers sont accueillis par l’abbé Stock qui leur enseigne l’histoire de l’Église. Au sein de ce camp, 939 élèves ont transité, parmi lesquels 630 sont devenus prêtres. Il en sortira même 4 évêques !

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Le bâtiment du “Séminaire des barbelés” (Photo Trompes / Wikimedia Commons)

Le documentaire Le séminaire des barbelés

Réalisé par Philippe Fusellier / 52 min.

Le documentaire relate le quotidien de la vie au camp et les enjeux d’un tel regroupement. En effet, « les églises catholiques et protestantes sont les seules institutions dans lesquelles les Alliés ont confiance. Dans l’Allemagne occupée, l’église va aussi jouer un rôle temporel. » À l’époque, cette expérience des séminaires est vue comme un des possibles pour réorienter l’Europe vers un Occident chrétien. Il y a l’espoir que la chute du nazisme permette à l’église allemande de redevenir un acteur de premier rang.

Ses anciens étudiants racontent chaleureusement leurs souvenirs du père Stock : « un prêtre fervent », « très marqué, fatigué, ce qui était compréhensible, considérant ce qu’il avait vécu », et qui « prenait grand soin de nous ». Il était « amoureux de la France mais fidèle à son pays, patriote ».

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La chapelle du Séminaire des barbelés / Photo LG / Wikimedia Commons

Les anciens séminaristes témoignent aussi de leur quotidien au sein du camp : « À Orléans, nous avions une chapelle et dans notre petite communauté, l’échange spirituel était très important. Nous réfléchissions tous à quoi pourrait ressembler l’avenir, s’il y avait un avenir possible dans l’absolu. » Or, au sein du camp d’Orléans qui comptait 6000 prisonniers, le traitement des séminaristes suscitait des jalousies.

Ponctué de vidéos d’archives et d’interview d’historiens et d’anciens prisonniers (aujourd’hui chanoines, moines et auxiliaires d’évêques), ce documentaire témoigne du rôle de la spiritualité comme facteur de la réconciliation franco-allemande dans l’après guerre.

Ce documentaire est une co-production Plan Large Production France 3 Centre-Val de Loire, la Chaîne Histoire et le Centre National de la Cinématographie et de l’Image Animée.

NB : Votre association peut projeter ce film pour créer un événement local autour du travail de partage de notre mémoire franco-allemande.

Pour obtenir et diffuser la vidéo, adressez vos demandes par mail à Philippe Fusellier    [divider][/divider]