Capitaine dans la tempête : défis et enjeux de la présidence allemande du Conseil de l’Union européenne

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Le commentaire de Claire Demesmay  / Une ‘Note du Cerfa » /  n° 153, Ifri, juillet 2020    

Claire Demesmay dirige le programme « France/Relations franco-allemandes » de l’Institut allemand de politique étrangère (Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik, DGAP) à Berlin. Il n’y a guère de meilleur vigie française de la vie politique allemande.

C’est dans un contexte de crise aiguë liée à la pandémie de Covid-19 que s’ouvre, le 1er juillet 2020, la présidence allemande du Conseil de l’Union européenne. Entre défis inédits et contraintes d’organisation, l’Allemagne aborde sa présidence dans un contexte marqué par de fortes attentes de ses partenaires européens.

La présidence allemande sera à l’image de ce qu’ont expérimenté nos sociétés sous l’effet de la pandémie : elle devra improviser, s’adapter et naviguer à vue. On peut y voir la présidence de tous les dangers, dans la mesure où les décisions qui seront prises, ou au contraire qui ne le seront pas, touchent au cœur de la cohésion de l’UE, et par là même à l’essence du projet européen.

À l’inverse, on peut y voir la présidence de toutes les chances, dès lors que la prise de conscience qui a émergé durant la crise sanitaire conduit à une réorientation de la politique européenne. S’il est sans doute exagéré d’évoquer un « moment hamiltonien », comme l’ont fait certains à propos de l’initiative franco-allemande de mai 2020, le fonds de relance dont elle a défini le cadre a le potentiel de faire passer un cap supplémentaire à l’intégration européenne.

La présidence allemande sera scrutée avec d’autant plus d’attention qu’elle clôt le quatrième et dernier mandat d’Angela Merkel – après 15 années à la chancellerie fédérale. Celle-ci n’a jamais été « une force révolutionnaire au sein de l’UE », et il est fort peu probable qu’elle le devienne subitement. Étant donné sa personnalité, on peut s’attendre à ce qu’elle reste fidèle à elle-même et exerce une médiation à la fois prudente et inclusive, orientée vers la recherche de compromis. Cependant, même si elle ne voit pas la présidence comme une ultime opportunité d’entrer dans les livres d’histoire européens, le cap politique que son gouvernement fixera au second semestre 2020 aura indéniablement une influence sur l’avenir de l’Union européenne.

Cette note vise à présenter les objectifs que s’est fixé Berlin et les marges de manœuvre dont l’Allemagne dispose. Après avoir présenté les priorités remaniées de la présidence allemande dans un contexte de crise, elle revient sur le débat sur l’indépendance stratégique et, dans cette perspective, sur la relation avec la Chine. Pour finir, elle analyse les conditions du leadership allemand alors que le gouvernement fédéral fait face à des attentes aussi considérables que contradictoires de ses partenaires : elle se concentre plus précisément sur la coopération franco-allemande.[divider][/divider]

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