Le Comité d’études des relations franco-allemandes (CERFA) vient de publier sa note  n°121 consacrée à l’immigration européenne en Allemagne et rédigée par Marcus Engler, chercheur au Conseil d’experts des fondations allemandes pour l’intégration et la migration (Sachverständigenrat deutscher Stiftungen für Integration und Migration, SVR) et Martin Weinmann, politologue et directeur adjoint au service chargé de l’élaboration du rapport annuel du SVR.

L’Allemagne est confrontée, depuis 2011, à une hausse de l’immigration, notamment en provenance des pays de l’Union européenne (UE). Attirés par la stabilité certaine du marché du travail allemand ainsi que par la réussite économique relative du pays par rapport à d’autres États européens encore embourbés dans la crise, les citoyens de l’Union sont de plus en plus nombreux à immigrer en Allemagne. Cette population, à la recherche d’un meilleur niveau de vie et d’un contexte économique plus prospère, est principalement issue des pays de l’Est, intégrés lors des derniers élargissements de l’UE, et de l’Europe du Sud.

Bien acceptée par une large partie de la population allemande, cette immigration est cependant de plus en plus critiquée par certains. Il lui est reproché en effet de favoriser ce que l’on appelle le « tourisme social », c’est-à-dire l’arrivée sur le territoire de citoyens pauvres qui viendraient profiter des avantages offerts par un système social supposé avantageux, affaiblissant de fait la société allemande et sa cohésion.

Cette crainte est pourtant loin d’être fondée. Au contraire, l’immigration en provenance des pays de l’UE tend à avoir un impact positif en Allemagne car elle vient pallier les difficultés démographiques que connaît le pays et assurer la viabilité du système de sécurité sociale allemand en permettant l’arrivée sur le territoire national d’une population jeune et diplômée.

Cependant, Berlin ne pourra pas, à l’avenir, s’appuyer uniquement sur une immigration intra-européenne pour lutter contre sa pénurie de travailleurs qualifiés. Tous les pays européens vont en effet être concernés, au même titre que l’Allemagne, par un vieillissement de leur population. Et l’on peut s’attendre également à ce que les migrants soient tentés de rentrer dans leur pays natal une fois la crise économique surmontée.

Extrait : ... Après 2008, quand le pays a enregistré une perte nette de 56 000 personnes parties à l’étranger6, l’immigration a augmenté de manière continue…. En 2014, l’Allemagne comptait environ 1,46 million de nouveaux arrivants sur son territoire, compensés par le départ de 960 000 émigrants. Le solde migratoire net se situait donc à près de 500 000 personnes. Depuis 2012, la moyenne annuelle nette de nouveaux migrants s’élève à plus de 300 000 personnes. Ce chiffre signifie que la population de l’Allemagne continue de croître malgré un taux de natalité très faible, tout en devenant plus jeune et plus hétérogène.

Au début des années 1990, le pays avait déjà connu une immigration dont le solde était même légèrement supérieur à celui d’aujourd’hui. Cependant, la vague actuelle diffère par l’origine des personnes migrantes. En effet, au cours des dernières années, près de deux tiers des ressortissants étrangers provenaient des États membres de l’Union européenne.[divider][/divider]

Ifri-Logo

cidallogo

Lire aussi les deux articles du CIDAL consacrés à l’immigration en Allemagne.
Clics sur :