La dernière Note du Cerfa (n° 132, septembre 2016) apporte un éclairage instructif sur l’économie agricole allemande mal connue en France

Le tableau que l’on peut donner de l’agriculture allemande se caractérise par ses disparités régionales et la transformation structurelle de ses exploitations. La rapidité de cette transformation est surtout visible dans l’élevage. Au cours de la dernière décennie, la production a fortement progressé sous l’effet de son intensification, alors que le nombre d’actifs baissait. Cette phase de croissance s’est traduite, entre autres, par une forte hausse des prix de la terre agricole. La situation connaît aujourd’hui une phase de retournement : la chute des prix à la production se reflète dans la baisse massive des revenus.

Le débat sur la politique agricole renvoie d’un côté à la croissance et à la compétitivité, de l’autre à la demande accrue de protection de l’environnement et de bien-être animal. L’exigence d’un élevage qui soit plus respectueux des animaux s’est répandue et affirmée dans la société au cours des dernières années. Les autorités politiques essaient pour le moment d’y répondre en accompagnant diverses initiatives dans l’alimentation et l’agriculture. L’année dernière, le Conseil scientifique du Ministère de l’Agriculture allemand a remis un rapport sur la possibilité d’une transformation complète de l’élevage, il est vrai au prix d’une perte probable de compétitivité au niveau international. Un débat comparable concerne la protection de l’environnement, en raison des rejets polluants et du recul de la biodiversité. Enfin, une controverse récurrente est celle de la répartition des paiements directs de la Politique agricole commune (PAC) au niveau national. Certaines parties prenantes veulent soutenir davantage les petites exploitations au détriment des plus grosses, la question renvoyant également à un conflit entre régions en raison de différences structurelles héritées du passé. En règle générale, la politique agricole allemande a visé jusqu’à présent le juste milieu, d’où le fait que l’action ait été conduite le plus souvent au coup par coup. L’avantage est que de nombreuses options restent ouvertes pour l’avenir.

Theodor Fock est professeur de politique agricole, économie politique et politique environnementale à la Hochschule Neubrandenburg, en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, dans le département d’économie agricole et de sciences de l’alimentation.

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