On a tout dit sur la chute de l’allemand dans le secondaire. La demande sociale de l’allemand à l’école semble définitivement réduite (1). Dès lors, quelles perspectives restent-ils à l’allemand et quel rôle devraient jouer nos associations ?

Etat des lieux

Depuis quelques années la chute a été amortie par l’introduction des classes dites « bi-langues » anglais + allemand. Le nombre de jeunes germanistes est ainsi repassé de 10 à 15 %

Notons au passage qu’avec la démocratisation progressive du secondaire depuis 60 ans, ces 15 % de jeunes germanistes est de 4 fois supérieur à celui des années 50, temps bénis où 40% des élèves de 6e choisissaient l’allemand comme première langue vivante. Mais, à cette époque, seuls 10% de jeunes accédaient aux cours du secondaire, les autres restant en primaire pour tenter un certificat d’études… sans langue étrangère. Bref, nous avons aujourd’hui 4 fois plus de germanistes qu’à l’époque où l’allemand jouait quasiment à égalité avec l’anglais.

Hélas, la timide pénétration de l’allemand en primaire (jusqu’à 10 % des élèves voici 10 ans) a été stoppée net avec la généralisation d’une langue étrangère sur l’ensemble des années du primaire. En effet, avec une offre sur 5 ans, l’organisation de groupes de germanistes (ou hispanistes, etc.) est antinomique avec le système français où un professeur enseigne toutes les matières à une même classe. L’anglais est donc de facto devenue la langue étrangère du primaire.

En 6e l’allemand dépend désormais d’une demande réduite et ce, à condition de maintenir la pression en organisant avec assiduité et persévérance un travail d’information des parents hésitants. Il faut faire comprendre à quel point l’allemand, la cousine proche de l’anglais, est utile à un meilleur apprentissage de l’anglais et que l’allemand est aujourd’hui la première langue commerciale de l’Europe, avec l’anglais l’autre langue de l’économie européenne (2).

Changeons notre « logiciel »

Face à cette stagnation de la demande aux âges scolaires, comment et où développer le nombre de germanistes ? Nous sommes trop longtemps restés accrochés à l’idée que l’apprentissage scolaire est le seul possible, le seul qui vaille. C’est probablement une erreur de perspective, voire un aveuglement. En pratique, un bon nombre de nos associations le savent depuis longtemps : elles offrent des cours d’allemand aux adultes de tout acabit et aux motivations variées et multiples.

Car, personne n’a appris une langue étrangère au sortir du secondaire et seule une motivation très, très forte permet d’apprendre vraiment à parler avec fluidité. Or celle-ci ne se révèle généralement qu’à l’âge adulte, d’abord avec le choix des études supérieures bien sûr, mais surtout aussi aux âges où des contraintes sociales, familiales où professionnelles y obligent – parfois aussi aux moments où naissent les marottes et autres violons d’Ingres linguistiques.

Une nouvelle demande

L’allemand est en passe de devenir « in », non pas à l’école mais parmi les jeunes et moins jeunes adultes : l’avenir professionnel européen, les besoins du développement d’une carrière dans un contexte plus européen, le besoin impératif des grands-parents de mariages franco-allemand,… la mosaïque des demandes est variée.

De notre côté nous enregistrons de plus en plus souvent des recherches de cours d’allemand que nous orientons vers nos associations et/ou  les Maisons de la culture franco-allemande. Les groupes de conversation allemande se multiplient partout en France, en particulier via les nouveaux médias. A Paris la plateforme « Meet-Up » compte à elle seule un groupe de « German Speakers » où se sont inscrits 780 personnes !

Babbel

Un signe des temps, une sorte de signal faible d’une évolution de fond : sur son site, le Figaro propose un logiciel d’apprentissage des langues « Babbel »  (3) en mettant également l’allemand en avant !

Mieux profiler l’offre de nos associations

La République fédérale mesure bien que le nombre des 17 maisons de culture allemand en France ne suffit pas à couvrir le territoire où cette nouvelle demande cherche son offre. C’est pourquoi elle s’interroge sur la contributions que nos associations peuvent apporter en tant que réseau d’antennes de culture franc-allemande au service de la défense active de la langue allemande. Nous pouvons y voir une grande partie de notre avenir et ce sera aussi le sujet sur les « établis » de nos ateliers du prochain congrès de Dijon consacré à l’action culturelle de nos associations : comment nous mettre en situation d’être ‘ »labellisables » aux côté des Maisons de la culture allemande en France.

Lire sur ce site la rubrique Thème du Congrès 2014 à Dijon [divider][/divider]

(1) A ce propos téléchargez ici l’article  » Refus ou indifférence ? ou La langue du voisin : un paradoxe du franco-allemand » de Hans Herth (Président de la FAFA), ainsi que deux études qui font le point de l’offre et de la demande, respectivement à travers des interviews d’Inspecteurs d’Allemand (  Etude IA-IPR IDIF 08 ) et de Groupes de Discussion de parents d’élèves ( Groupes de parents 09 )datant respectivement de 2007 et 2008 réalisées par Hans Herth pour le compte d »un groupe de réflexion et d’action IDIF – Initiative für Deutsch in Frankreich, initié par l’Ambassade de la République fédérale)[divider][/divider]

(2) Nous avons contribué à ce travail d’information par la création d’un « Argumentaire pour l’allemand » conçu par le Président de la FAFA en collaboration avec l’ADEAF et les EFA et financé par la République fédérale / voir sur ce site à la page « Promotion de l’allemand » . Cet outil a été déjà téléchargé par près de 1500 enseignants pour organiser des soirées d’information des parents.[divider][/divider]

(3) contraction de Babel et de l’allemand babbeln ou de l’anglais to babble… le tout venant de babiller.[divider][/divider]

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