Le 5 juin, le site d’informations du « Centre d’Information sur l’Allemagne » (CIDAL) publiait les résultats d’un sondage sur l’image de l’Allemagne dans le monde, sous le titre

Sondage : L’Allemagne toujours populaire

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Pour lire l’article sur le site du CIDAL / Télécharger le Rapport d’étude

On y lit : L’image de l’Allemagne dans le monde reste positive : dans une enquête réalisée comme chaque année dans 24 pays, l’Allemagne demeure en 2014 le pays qui est considéré comme ayant la meilleure « influence sur le cours du monde ». Le Canada et le Royaume-Uni arrivent en deuxième position. Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, s’est réjoui de cette grande popularité internationale de l’Allemagne.

La « nouvelle » est réconfortante, voire réjouissante pour tous ceux qui se battent quotidiennement sur le « terrain » pour l’amitié franco-allemande Oui, en France aussi, l’Allemagne d’aujourd’hui n’est plus cet ennemi étrange au delà du Rhin, mais, bien au contraire, un voisin pacifique parfois considéré comme un exemple à suivre. C’est d’ailleurs l’occasion de rappeler ici que les associations de jumelages ont largement contribué à cette évolution de l’image de l’Allemagne. Elles ont réalisé un travail inouï pour rapprocher les deux peuples.

Mais ce genre d’affirmation – à partir d’un réponse à un sondage – peut aussi nous laisser quelque peu songeurs. En effet, la « popularité » de la politique de la République fédérale dans le monde ne nous garantit pas la « popularité » en général de l’Allemagne hic et nunc et ad vitam aeternam. En particulier, dans notre société où nombre de politiques prennent l’Allemagne en otage pour avancer leurs pions idéologiques pour ou contre le bon ou le mauvais modèle allemand, on voit comment la « popularité » peut rapidement se transformer en craintes, mépris, hostilité. Sur le terrain nous constatons tous les jours la persistance de clichés et de préjugés, parfois invraisemblables.

D’autres études d’image par sondage (dont celles annuelles commandées par la République fédérale en France) rendent bien compte d’une persistance des préjugés et des clichés : pour une grand majorité de Français qui ne traversent jamais le Rhin, l’Allemagne reste un pays méconnu, un peu triste, un peu trop frais et pluvieux, probablement plat, sans patrimoine qui ne mérite même pas le détour. Et les Allemands sont perçus comme des gens trop sérieux, très très travailleurs, parfois exagérément disciplinés. Et pourquoi pas carrément lourds et tristes tant qu’on y est ? Si ! si ! Il arrive encore que l’on entende de tels jugements. Récemment, sur France-Inter un journaliste iterviewait un auteur français vivant en Allemagne et dont le thématique était « la joie de vivre ». Le journaliste lui demandait si le fait de vivre en Allemagne permettait vraiment de bien traiter de la joie de vivre (combien d’auditeurs pour France-Inter ???) !

Il y a donc encore beaucoup de travail à faire pour normaliser et équilibrer la relation franco-allemande dans les têtes. Par exemple : que les Français soient plus nombreux à voir l’Allemagne comme un pays de vacances parmi les autres et cessent aussi de penser que l’on mange mal dans ce pays qui compte, après la France, le plus grand nombre de restaurants étoilés. Ou : que les Français cessent de penser que les Allemands soient un « peuple » discipliné qui n’a ni le sens de l’humour, ni de l’appétence pour le plaisir. Ou encore que les Allemands sont un peuple de guerriers venus régulièrement envahir la France. Sait-on bien que sur 27 conflits ayant engagé des Français et des Allemands depuis la Renaissance, les Français sont allés se promener 23 fois en Allemagne et les Allemands seulement 5 fois en France (et seulement depuis Valmy) ? Malgré tout, les Allemands « adorent » les Français même s’ils mêlent à cette « tendre affection » autant de préjugés et de clichés tout aussi insupportables à l’égard des français que ceux qui pullulent en France à l’égard des Allemands.

Oui ! Il reste beaucoup de pain sur la planche !

Notre travail de rapprochement mental ne se fera qu’en multipliant autant les rencontres entre Allemands et Français que les occasions d’actions « culturelles » (une sorte d' »Aufklärung ») pour faire connaître notre pays partenaire. C’est bien notre travail de tous les jours, nous les associations franco-allemandes.

Nous en parlerons à notre congrès. Les inscriptions sont ouvertes. Allez à la page Congrès 2014