« Exode », « Flüchtlingstreck », « Exodus », « Rapatriement », accueil des réfugiés,… fuites et migrations

Aurions-nous tous la mémoire courte ? Nos histoires nationales, européenne, franco-allemande,… humaine regorgent d’exodes, retours au pays ou départ vers la terre promise. Les pauvre 19e et tragique 20e siècles ont eu leurs lots de départs, voyages difficiles, attentes interminables, chemins semés d’embûches. Les nouveaux grands exodes du 21e siècle commençant sont une version amplifiée des déplacements de population qui suivent les incessantes guerres postcoloniales : Syrie, Erythrée, Soudan, Nigéria…

C’était autrefois, c’est ailleurs, au loin ?… Aujourd’hui, ils frappent à nos portes

Voici quelque temps, nous savions encore accueillir (ou avions admis qu’il fallait accueillir). Nous savions faire face en 1940 (exode français), en 1945-49 (exodes des minorités allemandes), en 1956 (exode des Hongrois), en 1962 (exode des Pieds-Noirs), en 1975-89 (exode des boat people) et tout au long des années de la dictature communiste en Europe de l’Est. Plus tôt encore, l’Europe occidentale avait su accueillir les Juifs et les Arméniens fuyant les pogroms et les massacres organisés. En d’autres temps plus anciens, les protestants persécutés en France trouvaient refuge en Allemagne…

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N’oublions pas pour autant la face obscure. En 1938, avant même la Retirada de 1939 (un exode d’un demi millions d’Espagnols en moins de quinze jours) le gouvernement Daladier avait décrété  l’internement administratif des étrangers « indésirables ». Et qui ne se souvient du bateau Exodus chargé de survivants de la Shoah en 1947 ? Les Anglais l’avaient intercepté au large des côtes palestiniennes et renvoyé ses passagers en Allemagne ! Aujourd’hui les Hongrois érigent un nouveau « rideau » de fers barbelés et quelques foules allemandes de l’Est protestent contre l’hébergement des réfugiés.

Notre peu d’empressement actuel à faire face est inquiétant. Et pourtant il y a urgence : partout, en Turquie, en Jordanie, au Liban et ailleurs dans le monde d’innombrables villages de tentes à perte de vue sont plus que saturés. Les Etats limitrophes et les missions humanitaires sont dépassés. Sur nos côtes méditerrannéennes se massent les rescapés de traversées ravageuses.

Europe face accueil et Europe face refus,… nous avons la mémoire courte. Notons au passage, que les crânes rasés est-allemands qui protestent aujourd’hui oublient qu’eux-mêmes (ou leurs parents) avaient été accueillis à bras ouverts – et avec de l’argent – à l’ouverture des premiers trous ouverts dans le rideau de fer austro-hongrois, puis dans le mur, au lendemain du 9  novembre 1989.

Nos associations franco-allemandes sont-elles concernées ?

Oui, à l’évidence : à notre passé commun de luttes fratricides correspond aussi un passé commun de solidarités individuelles et collectives pour protéger, cacher, nourrir, soigner, accueillir et héberger. Il se pourrait qu’en nous en souvenant ensemble, nous pourrons (devrons !) contribuer à restaurer l’Europe face accueil.[divider][/divider]