Le Mit­ta­ges­sen (le déjeuner)

Se nourrir pour vivre, plus souvent que vivre pour manger

Gé­né­ra­le­ment ab­sor­bé à la can­tine, c’est un re­pas som­maire (sou­vent li­vré de l’ex­té­rieur dans les pe­ti­tes en­tre­pri­ses) où rè­gne le plat uni­que aux ca­rac­té­ris­ti­ques déjà dé­cri­tes ci-des­sus. Ce mo­ment de res­tau­ra­tion dé­passe ra­re­ment la de­mi heure. Pen­dant ce temps, nom­breux sont les Fran­çais qui vont man­ger en groupe, en can­tine ou au bis­trot ­du coin, un menu du jour « à la fran­çaise », avec apé­ri­tif, pour une du­rée d’heure et de­mie au moins (par­fois fa­ci­le­ment dé­pas­sée). C’est une rup­ture con­vi­viale avec les col­lè­gues à l’is­sue de la­quelle on aime s’at­tar­der de­vant son café, en re­pren­dre peut-être un se­cond. Cette lon­gue rup­ture per­met aus­si à nom­bre de pro­vin­ciaux fran­çais de ren­trer à la mai­son… C’est qua­si­ment in­ima­gi­na­ble pour la ma­jo­ri­té des Al­le­mands qui ont ten­dance à re­pous­ser les plai­sirs de la vie so­ciale au delà des temps de la vie pro­fes­sion­nelle.

A no­ter soig­neu­se­ment : dans les rap­ports com­mer­ciaux cou­tu­miers des Al­le­mands, il est par­fai­te­ment nor­mal, voire re­com­man­da­ble d’in­vi­ter les clients ou les four­nis­seurs pré­sents à l’heure du dé­jeu­ner à par­ta­ger le rata de la can­tine… C’est qua­si­ment in­ima­gi­na­ble pour la ma­jo­ri­té des Fran­çais qui « dé­co­rent » leurs échan­ges com­mer­ciaux de rituels d’échange de type ago­nis­ti­que : c’est ce­lui qui dé­pense le plus qui ga­gne ! Dans les rap­ports com­mer­ciaux ger­ma­ni­ques, cha­que par­tie est sou­cieuse des gains res­pec­tifs avec le lot des éco­no­mies pos­si­bles.

Das Mit­ta­ges­sen du di­man­che

Comme pour les Fran­çais (et tous les Eu­ro­péens pro­ba­ble­ment), le dé­jeu­ner do­mi­ni­cal, à la mai­son ou de­hors, perd son côté « uti­li­taire » de la se­maine. Mais ce ri­tuel fa­mi­lial n’a pas le ca­rac­tère cé­ré­mo­nial que les Fran­çais lui prê­tent : pas de suite – idéale et sa­vante – de hors d’œuvre,­ en­trée, pois­son, viande, lé­gume, des­sert, café, et pousse-café. La fa­mille se con­tente d’un plat cen­tral goû­teux à sou­hait, pré­cé­dé d’un po­tage (die Mit­tags­suppe) et sui­vi d’un des­sert (Nachtisch, lit­té­ra­le­ment après-ta­ble).

Sur la table familiale

"Rindsroulade" la paupiette de boeuf (avec farce), un des classiques de la table familiale du dimanche allemand

« Rindsroulade » la paupiette de boeuf (avec farce), un des classiques de la table familiale du dimanche allemand / CC0 Public Domain / FAQ

En l’absence d’une tradition gastronomique allemande aristocratique ou bourgeoise qui aurait donné le ton et des orientations nationales (voir plus haut), la notion de « cuisine allemande » est un non sens. Fédéralisme oblige, les nombreuses spécialités régionales ne sont souvent cuisinées dans leur région et beaucoup sont inconnues ou ignorées ailleurs, un peu comme si seuls les Toulousains connaissaient leur cassoulet.

Quant aux plats devenus « nationaux » qui caractérisent la cuisine familiale, en particulier les recettes dominicales, différentes de celles habituellement servis en France (genre bœuf bourguignon ou coq au vin) et répandues sur tout le territoire, citons le Sauerbraten (rôti braisé de boeuf mariné), le Gulasch, les Rindsrouladen (paupiettes de bœuf), escalopes panées de porc et de veau, les Frikadellen (sortes de boulettes plates composée de bœuf haché, chair à saucisse, pain trempé et oignons), de multiples préparations de rognons et foies de porc, veau ou boeuf, potées aux pois ou aux lentilles avec une saucisse, le Kasseler (côtelettes salées et légèrement fumées),…

Mais si vous demandez aux Allemands quel plat ils préfèrent cuisiner le plus souvent, les spaghettis bolognaises arrivent en tête… Ne posez donc pas la question aux Allemands.[divider][/divider]

Liens vers les articles wikipedia de quelques plats courants (en allemand) :

Schweinebraten / Kasselerstücke / Eisbein / Hackbraten / Frikadellen / Klopse / Schnitzel / Kotelett / Rostbraten / Rinderrouladen / Sauerbraten Gulasch / Rinderbrust / Brathähnchen Frikassee  / Eintöpfe /  Kasseler / Leberkäse[divider][/divider]

Liens vers les articles wikipedia de quelques accompagnements typiquement allemands – généralement et par principe – en sus des légumes (en allemand)

Plat de Semmelkösse / By Kobako via Wikimedia Commons

Plat de Semmelkösse / By Kobako via Wikimedia Commons

Knödel ou Klöße  / Germknödel / Semmelknödel / Leberknödel / Kartoffelpuffer / Bratkartoffel / Kroketten / Kartoffelkloß 

Et prenez bien soir de noter que le terme allemand de Knödel est l’origine do mot que le français prononcent Quenelles[divider][/divider]

Liens vers les articles wikipedia des spécialités région par région (en allemand)

Baden | Bayern | Berlin | Brandenburg | Bremen | DDR | Franken | Hamburg | Hessen | Mecklenburg | Niedersachsen | Pfalz | Österreich | Pommern | Rheinhessen | Rheinland | Saarland | Sachsen | Sachsen-Anhalt | Schlesien | Schleswig-Holstein | Schwaben/Württemberg | Thüringen | Westfalen |

NB : Vous aurez sans doute remarqué que l’on cuisine encore des plats de régions depuis longtemps disparues (quelque part dans la Pologne d’après-guerre, telles que les anciennes Silésie et Poméranie allemandes) ou de régimes défunts (la DDR), tout comme les Français font survivre la cuisine des Pieds Noirs (avec même des marques qui font du couscous bon comme là-bas).[divider][/divider]